Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et les hommes s’approchent du tribunal de la pénitence.

Le dimanche, dès l’aube, la cloche sonne l’Angélus et tous se préparent à venir à l’église ; peu après, au second coup de cloche, ils viennent entendre la première messe, pendant laquelle ils récitent en commun les prières du matin, le Rosaire et chantent quelques cantiques dans leur langue. Beaucoup communient ; et c’est chose émouvante de voir l’ordre, la modestie et le recueillement avec lequel ils s’approchent de la table sainte. Après la messe, les quelques assistants qui n’ont pas communié sortent de l’église, et les autres récitent en commun les prières d’action de grâces. À dix heures, on sonne la grand’messe et l’église se remplit de nouveau. Toute l’assemblée chante en chœur le Kyrie, le Gloria, le Sanctus, l’Agnus Dei, avec un cantique indien à l’Offertoire, à l’Élévation et à la Communion, et cela d’une voix si douce et si suave que les Blancs venus à la Mission, catholiques ou protestants, en sont émerveillés. Quelquefois les enfants chantent seuls, ce qui plaît infiniment aux parents. Après l’évangile, le Père prêche en langue sauvage au milieu d’un profond silence. Si parfois il arrive qu’un nourrisson se mette à pleurer et que la mère ne se presse pas de l’emporter, un des chefs se lève et lui fait signe de sortir, comme cela se pratiquait dans l’Église primitive. La mère obéit aussitôt et ne rentre à l’église que quand le bambin s’est calmé.

À cette messe, quelque tardive qu’elle soit, communient tous ceux qui n’ont pu le faire à la première ; et vers midi l’office se termine par la récitation de l’Angélus. Dans l’après-midi, on fait le catéchisme au peuple ; puis on donne la bénédiction du S. Sacrement, pendant laquelle tous chantent en chœur l’O Salutaris, une hymne à la Ste Vierge et le Tantum ergo ; ensuite a lieu une