Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/228

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» — Vous voilà bien embarrassé ! On baisse la tête, on se met à quatre pattes et on rampe comme un chat. » Cela dit, il entra le premier et je le suivis. On avait déjà préparé en guise de siège une peau de buffalo sur la terre nue ; nous nous assîmes les jambes étendues et la conversation commença, sans que je pusse saisir un seul mot.

» — Que disent-ils ?

» — Ils demandent si nous voulons dîner.

» — Eh bien, dînons.

» — Un peu de poisson sec, grillé, avec des racines, sera tout le menu ; mais si vous voulez attendre, on vous servira à l’américaine.

» — Pas du tout, mangeons à la sauvage. »

» De fait on mangea ainsi ; et le repas fini, dans une tente transformée en chapelle, je baptisai un enfant ; et ce furent là les prémices de ma mission. Je parlai un peu par interprète, et ces bons sauvages étaient tout heureux de voir un missionnaire qui dès son arrivée mangeait déjà comme eux.

» — Tu t’appelleras « Yopicut », me dit le chef. Je le remerciai et, après une bonne poignée de main, nous partîmes.

» — Vous voilà bien embarrassé ! On baisse la tête, on se met à quatre pattes et on rampe comme un chat. » Cela dit, il entra le premier et je le suivis. On avait déjà préparé en guise de siège une peau de buffalo sur la terre nue ; nous nous assîmes les jambes étendues et la conversation commença, sans que je pusse saisir un seul mot.

» — Que disent-ils ?

» — Ils demandent si nous voulons dîner.

» — Eh bien, dînons.

» — Un peu de poisson sec, grillé, avec des racines, sera tout le menu ; mais si vous voulez attendre, on vous servira à l’américaine.

» — Pas du tout, mangeons à la sauvage. »

» De fait on mangea ainsi ; et le repas fini, dans une tente transformée en chapelle, je baptisai un enfant ; et ce furent là les prémices de ma mission. Je parlai un peu par interprète, et ces bons sauvages étaient tout heureux de voir un missionnaire qui dès son arrivée mangeait déjà comme eux.

» — Tu t’appelleras « Yopicut », me dit le chef. Je le remerciai et, après une bonne poignée de main, nous partîmes.

» Le soir, nous nous arrêtâmes près du Lac Cœur d’Alène, dans un campement de sauvages. Les Indiens vinrent nous souhaiter la bienvenue et nous offrirent leurs services pour préparer notre repas ; mais quand tout fut prêt, ils disparurent en disant qu’ils reviendraient après notre souper pour se confesser, parce qu’ils n’avaient pas pu se rendre à la Mission, faute de chevaux.

» De fait, après le souper, le chef donna un coup de cloche et ils se réunirent dans une grande chapelle où nous les rejoignîmes. La Robe Noire fit le signe de la Le soir, nous nous arrêtâmes près du Lac Cœur d’Alène, dans un campement de sauvages. Les Indiens vinrent nous souhaiter la bienvenue et nous offrirent leurs services pour préparer notre repas ; mais quand tout fut prêt, ils disparurent en disant qu’ils reviendraient après notre souper pour se confesser, parce qu’ils n’avaient pas pu se rendre à la Mission, faute de chevaux.

» De fait, après le souper, le chef donna un coup de cloche et ils se réunirent dans une grande chapelle où nous les rejoignîmes. La Robe Noire fit le signe de la