Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/229

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croix et tous ces Indiens agenouillés commencèrent à prier à haute voix avec recueillement et dévotion. J’étais transporté d’admiration et de plaisir. Après la prière, ils entonnèrent le cantique du soir à la Madone. Oh ! la suave et pieuse mélodie ! Et cela au cœur des forêts vierges des Montagnes Rocheuses ! Après le cantique, le Père leur posa quelques questions sur la doctrine chrétienne, auxquelles ils répondirent, jeunes et vieux, y compris le chef. Ensuite ils se confessèrent dans l’espoir de communier le lendemain ; et quand ils virent que la chose n’était pas possible, vu que nous n’avions pas apporté notre pierre d’autel pour célébrer, ils en furent désolés.

» Le lendemain, nous nous remîmes en route et entrâmes dans une épaisse forêt, et vers 3 h. de l’après-midi nous débouchâmes dans une clairière où s’élevait une fort jolie petite église entourée de maisonnettes rangées autour d’une belle place. Je n’aurais jamais cru trouver dans ces déserts un aussi beau village.

» — Qui a bâti cette église avec portique à colonnes ?

» — Les sauvages, instruits et aidés par le P. Magri, maltais, et dirigés par le P. Ravalli, romain, qui en fut l’architecte.

» — Et vous appelez sauvages des gens qui savent élever de tels édifices ?

» — Ils s’appelaient ainsi avant la venue des missionnaires et ils s’appellent encore ainsi, quoiqu’ils soient d’habiles ouvriers et d’excellents chrétiens. »

» En ce moment nous entrions dans le village et les voici tous qui nous entourent pour nous souhaiter la bienvenue. Le missionnaire de la tribu vint à notre rencontre, modérant l’enthousiasme de ses paroissiens qui, tout joyeux de nous voir arriver, se bousculaient pour nous prendre la main. « Mes enfants, disait-il, ces bons Pères