Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La fête du Sacré-Cœur, bien qu’elle suive de près celle du S. Sacrement, se célèbre de la façon la plus solennelle chez les Cœurs d’Alêne, et, s’il est possible, avec plus de dévotion encore. Longtemps avant la fête, le chef envoie ses messagers aux tribus voisines, les Nez-Percés, les Spokanes, les Kalispéles et jusqu’aux Sgoyelpi, à une distance de 150 milles, pour les inviter à venir à De Smet (c’est le nom de leur village) pour prendre part à la grande fête du Sacré-Cœur. Beaucoup acceptent l’invitation et après avoir célébré chez eux la fête du Corpus Domini, ils se rendent avec leurs familles à De Smet, où ils campent au nombre de plusieurs milliers. Ces fêtes attirent bon nombre de païens, dont quelques-uns se convertissent, et aussi beaucoup de blancs ; les catholiques sont attirés par leur dévotion et les protestants viennent admirer la piété des bons sauvages. Les chefs et les principaux de chaque tribu sont hébergés dans les maisons, les autres campent sous la tente. À cette occasion on fait la quête pour les pauvres. Le crieur public parcourt les rues, invitant le peuple à faire l’aumône. Alors hommes et femmes en grand nombre sortent de leurs maisons et se rendent auprès du chef, apportent couverture, chapeau, pardessus, chemise, etc. ; quelques-uns donnent de la farine, de la viande fumée, des patates ou autres provisions ; d’autres offrent un peu d’argent ; il en est même qui font l’aumône d’un cheval ou d’un veau. L’an dernier, sur l’invitation de Mgr d’Orégon, ils firent une quête pour le Pape, assez fructueuse, eu égard à leur pauvreté. Qu’il est beau de voir ces pauvres sauvages aider du produit de leur travail le Père commun des fidèles, dépouillé par les ennemis de Jésus-Christ.

Revenons à la fête du Sacré-Cœur. Voici comment on la célèbre : le matin, confessions et communions en grand