Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/236

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nombre ; puis, messe en musique suivie de sermons en différentes langues indiennes, et après le dîner, procession solennelle avec le S. Sacrement. Partant de la grande place devant l’église, elle s’avance le long d’une avenue ornée de fleurs et de plantes odoriférantes, passe devant l’école des Sœurs, longe la principale rue du village et aboutit au collège et à la maison des missionnaires, puis revient à l’église. En tête, marche une escouade de soldats du Sacré-Cœur, bannière déployée ; ensuite viennent, recueillies et modestes, les femmes de la tribu avec leurs étendards, suivies des jeunes filles portant, toutes, les insignes d’enfants de Marie. Une grande croix portée par un chef précède les élèves du collège qui suivent leur bannière avec une modestie et un ordre admirables. Puis viennent les hommes de la tribu, rangés selon leur dignité ; et, comme pour faire contraste avec leur austère gravité, voici venir les petits enfants de chœur indiens, en soutane rouge et rochet blanc, avec une ceinture violette. Les uns tiennent des flambeaux allumés, d’autres balancent des encensoirs fumants, tandis que les petites filles vêtues de blanc et couvertes de longs voiles jettent des fleurs devant le S. Sacrement. L’ostensoir est porté par le Supérieur de la Résidence ou par le Supérieur général de la Mission, ou quelquefois même par l’évêque, entouré des Pères qui ont pu venir des Réductions voisines. Le dais est porté par les chefs de quatre tribus ; derrière, marche le grand chef avec ses conseillers ou les officiers de la milice, tous ayant un cierge à la main. Les soldats du Sacré-Cœur, en grand uniforme, escortent à cheval la procession ; et au moment de la bénédiction donnée dans l’église, ils déchargent leurs armes en signe d’allégresse.

Voilà comment ces Indiens, naguère encore sauvages,