Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/239

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ment de leur en céder une ; mais il se passa beaucoup de temps avant que les commissaires de Washington n’eussent signé le traité. Les conditions furent les suivantes : Le gouvernement leur paierait 200.000 dollars pour le territoire cédé, n’enverrait aucun agent et les laisserait sous l’autorité de leur chef. Le Président confirma la concession, mais ne voulut pas proposer au Congrès le paiement des 200.000 dollars. Les Cœurs d’Alêne ne s’irritèrent pas de ce refus ; mais, avec leur fierté ordinaire, ils répondirent qu’ils n’avaient pas besoin de l’argent américain ; avec l’aide de la Robe Noire, ils sauraient rester bons chrétiens et bons citoyens ; la Réserve et leur travail leur fourniraient le nécessaire.

On lira avec plaisir le récit d’un épisode qui se rapporte à ces négociations. L’un des chefs s’opposait à toute cession de territoire, et, mettant ainsi la division dans l’assemblée, entravait la conclusion du traité. Alors un autre chef se leva et voulut en vain rétablir le silence ; d’autres essayèrent également sans plus de succès ; le grand chef put à peine apaiser le tumulte pendant quelques instants. Mais bientôt, l’agitation et les cris recommençant de plus belle, le missionnaire qui, sur le désir des Indiens, assistait au conseil, se leva, et, d’une voix forte, interpella par son nom le perturbateur de la paix. Celui-ci s’esquiva tout honteux, et l’ordre se rétablit aussitôt. À cette vue, les commissaires protestants furent remplis d’étonnement ; mais, au lieu de reconnaître dans ce fait la puissance de la religion catholique sur les sauvages, ils en prirent occasion de la dénigrer.

Les missionnaires avaient à grand’peine détourné les Indiens de la chasse au buffalo, cause de graves désordres, pour les appliquer à l’agriculture qu’ils avaient en aversion, lorsque les Blancs, qui convoitaient les terres de la