Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/240

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Réserve, commencèrent à l’envahir et à s’y bâtir des maisons. À cette nouvelle, le chef alla trouver le missionnaire pour lui demander conseil. Celui-ci lui recommanda de ne causer aucun dommage à ces Blancs qui en prendraient occasion de leur déclarer la guerre et de les chasser de la Réserve. « Tâche de les renvoyer doucement, et, ceux-ci une fois partis, empêche les autres de venir. » Ainsi fut fait. Il envoya quelques-uns des siens chercher, hors de la Réserve, un endroit favorable pour y construire des habitations ; lui-même alla voir les Blancs, disant qu’il leur montrerait des terres meilleures que celles qu’ils occupaient et dont ils pourraient prendre possession légitime.

Ainsi il les amena à déloger, sauf trois ou quatre qui refusèrent de partir ; à ceux-là il offrit un prix raisonnable en chevaux ou en vaches s’ils voulaient vendre leur terre, et vint à bout de se débarrasser d’eux. Il chargea douze guerriers de parcourir chaque jour la partie la plus exposée de la Réserve, et s’ils y rencontraient des Blancs, ils devaient leur montrer les limites dont ils étaient les gardiens et leur dire qu’ils pouvaient s’établir en tel ou tel endroit hors de la Réserve. Cette manière d’agir continuée pendant trois ans mit fin aux litiges et empêcha l’invasion redoutée ; les Blancs eux-mêmes, rendant justice à leur loyauté, se firent leurs protecteurs et les aidèrent à repousser ceux qui voulaient franchir les frontières.

Dans la guerre des Nez-Percés avec les troupes des États-Unis, les Cœurs d’Alêne s’employèrent de tout leur pouvoir à maintenir la paix sur leur territoire, empêchant les Nez-Percés de faire des incursions sur leurs terres et de tuer des Américains. De plus, ils leur firent savoir que, s’ils ne se retiraient pas de leur Réserve, ils