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ÆNÉSIDÈME

latif aux signes : il est extrait du quatrième livre, ce qui s’accorde avec les renseignements de Photius.

Pour le texte relatif aux causes, Saisset[1], s’appuyant sur un passage de Photius[2], le rapporte au cinquième livre : Zeller[3] croit qu’il faut plutôt le placer dans le deuxième livre. Photius dit en effet que dans ce livre il était question des causes, de la génération et de la mort. Or, précisément dans le passage dont il s’agit, Sextus dit qu’Ænésidème s’occupait des difficultés relatives à la génération. Dans le cinquième livre, il était surtout question, à propos des causes, des huit tropes que nous avons déjà mentionnés.

Enfin le texte sur la vérité doit être manifestement rapporté au premier livre, en raison du témoignage de Photius.

Le passage où sont exposés les dix tropes doit être vraisemblablement attribué, comme on l’a vu plus haut, à l’ouvrage qu’Ænésidème avait intitulé Ὑποτύπωσις.

Voilà les seules[4] données positives qui nous permettent de

  1. Op. cit., p. 33.
  2. Cod., 212.
  3. Op. cit., p. 20, 6.
  4. Indépendamment de ces passages et de ceux, surtout relatifs à Héraclite, qu’on trouvera cités plus loin, il y en a peut-être beaucoup d’autres, dans les trois ouvrages de Sextus, où l’auteur s’inspire d’Ænésidème, soit dans l’exposition des doctrines, soit dans la critique. Mais il nous est impossible de les reconnaître avec sûreté. La discussion contre les académiciens (P., I, 220-235) est probablement empruntée en grande partie à Ænésidème, puisque nous savons par Photius que ce philosophe commençait son livre par la critique de l’école qu’il venait de quitter. Ænésidème y est d’ailleurs expressément nommé (222). Mais le fait qu’il est cité en même temps que Ménodote, donne à penser que Sextus a réuni tous les arguments invoqués par les sceptiques après Ænésidème, qu’il ne s’inspire d’Ænésidème, du moins en cet endroit, qu’à travers Ménodote : et nous sommes enclin à croire que c’est de la même manière, en ne prenant que ce qui est devenu le bien commun des sceptiques, que Sextus suit Ænésidème, partout où il ne le cite pas.

    Cependant Natorp, pour des raisons souvent plus subtiles et ingénieuses que solides, croit pouvoir attribuer sûrement à Ænésidème nombre de passages, ceux surtout où sont exposées les idées de Démocrite et d’Épicure. (P., II, 1, 11 ; M., VII, 49-87 et surtout 60-64 ; 135-139 ; 203-216 ; VIII, 56-66 ; 183-214 ; 322-327 ; 337-337 a ; 348-365 ; X, 319-349.) La raison principale invoquée par Natorp est que la critique dirigée par Sextus contre Démétrius de Laconie (M., VII, 348-368)