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Page:Victor Brochard - Les Sceptiques grecs.djvu/340

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LIVRE IV. — CHAPITRE I.

disserter sur toutes choses, à la manière des académiciens, sans rien décider. De plus, comme Arcésilas et Carnéade, ainsi que le titre d’un de ses livres en fait foi, il s’attaqua surtout à la théorie stoïcienne de la représentation compréhensive. Enfin, dans l’argumentation contre les oracles que rapporte Aulu-Gelle[1], on le voit combattre la théorie stoïcienne par les mêmes arguments dont se servaient les nouveaux académiciens ; il insistait[2] notamment sur l’incompatibilité du libre arbitre avec la divination, et c’est un argument dont il ne paraît pas que les pyrrhoniens se soient servis.

Il ne semble pas, d’ailleurs, que Favorinus ait rien ajouté d’important à la tradition de ses maîtres. Au surplus, les rapports entre les deux écoles étaient assez étroits pour que Favorinus se considérât comme appartenant à toutes deux. Entre les académiciens, qui croient savoir qu’ils ne savent rien, et les sceptiques, qui n’en sont pas sûrs, il n’y a pas un abîme[3].

    tecum tamen degrediare paulisper e carriculis istis disputationum academicis. » Cf. Gal., De opt. doctr., vol. I, p. 40.

  1. N. A., XIV, 1. Il faut signaler cette formule, toute académicienne : « Exercendi autem non ostentandi gratia ingenii, an quod ita serio judicatoque existimaret, non habeo dicere. »
  2. Ibid. : « Jam vero id minime ferendum censebat, quod non modo casus et eventa, quæ evenirent extrinsecus, sed concilia quoque hominam ipsa, et arbitrarias et varias voluntates, appetitionesque et declinationes, et fortuitos repentinosque in levissimis rebus animorum impetus, recessusque, moveri agitarique desuper e cœlo putarent. »
  3. Gell., XI, V, 8.