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PYRRHON.

CHAPITRE III.

PYRRHON.


Les sceptiques anciens reconnaissaient expressément Pyrrhon pour leur maître, et leur doctrine a conservé chez les modernes le nom de pyrrhonisme. Il semble que les écrivains sceptiques se soient fait un devoir ou une habitude d’inscrire son nom en tête de leurs ouvrages. Ænésidème intitule un de ses ouvrages Πυρρώνειοι λόγοι, et, quatre siècles après la mort de Pyrrhon, Sextus Empiricus donne encore à un de ses livres le nom d’Hypotyposes pyrrhoniennes.

Cependant Pyrrhon est un des philosophes les plus mal connus de l’antiquité. Nous avons sur lui peu de renseignements, et encore ces renseignements ne s’accordent pas très bien entre eux. Il y a, à vrai dire, deux Pyrrhon : celui de la tradition sceptique représentée par Aristoclès, Sextus Empiricus et Diogène ; celui de la tradition académique conservée par Cicéron. Après avoir résumé les principaux faits de sa biographie, nous examinerons ces deux traditions et nous essaierons, en les conciliant, de déterminer le véritable caractère de Pyrrhon et la portée de sa doctrine.


I. Pyrrhon, fils de Pleistarque[1] ou, suivant Pausanias[2], de Pistocrate, naquit à Élis[3] vers 365 av. J.-C. Il était pauvre et

  1. Diog., IX, 61. Suidas, Πύρρων.
  2. IV, 24, 4.
  3. Pour fixer la date de Pyrrhon, voici les documents dont nous disposons : 1o un article de Suidas (Πύρρων), où il est dit qu’il vécut sous Philippe de Macédoine, dans la 111e olympiade (336-332), ce qui ne nous apprend rien de précis (peut-être faut-il lire chez Suidas : Κατὰ τὴν ρι′ ὀλυμπ., au lieu de ρια′ [Bernhardy]. Cf. Haas, De sceptic. philos. succession., Wurtzbourg, 1878, p. 5, 5) ; — 2o un