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LIVRE I. — CHAPITRE III.

commença par cultiver sans grand succès la peinture ; on conservait encore dans sa ville natale, au temps de Pausanias, des lampadophores assez médiocrement exécutés qui étaient son œuvre. Ses maîtres en philosophie furent Bryson[1], disciple de Socrate, ou, ainsi qu’il semble plus probable, d’Euclide de Mégare, puis Anaxarque[2], qu’il suivit partout dans la cam-

    texte de Diogène, IX, 69, où il est dit qu’il vécut quatre-vingt-dix ans ; — 3o les témoignages de Diogène, qui nous montrent en lui un compagnon d’Alexandre. Comme il avait, avant de partir pour l’Asie, suivi les leçons de deux maîtres et cultivé la peinture, il est permis de conjecturer qu’il était âgé de plus de trente ans au moment de l’expédition d’Alexandre (334). De là les dates de 365-375 sur lesquelles la plupart des historiens, Éd. Zeller, Haas, Maccoll (The Greek sceptics, London and Cambridge, Macmillan, 1869), M. Waddington (Pyrrhon et le pyrrhomisme, séances de l’Acad. des sciences mor. et polit., 1876, p. 85, 406, 646), sont d’accord.

  1. Quel est ce Bryson dont Pyrrhon suivit les leçons ? C’est un point qu’il importe d’éclaircir, car il faut savoir s’il y a un lien entre le pyrrhonisme et l’école de Mégare. Diogène l’appelle fils de Stilpon ; c’est manifestement une erreur, car Stilpon enseigna beaucoup plus tard et eut pour disciple Timon. (Voir Zeller, Die Philos. der Griechen, Bd II, p. 213, 3e Aufl., 1875.) On pourrait avec Rœper (Philol., xxx 462), corriger le texte de Diogène et lire Βρύς. ἢ Στίλπ. au lieu de Βρύς. τοῦ Στιλπ. Mais il est bien peu probable que Pyrrhon ait entendu Stilpon. Deux hypothèses sont possibles : ou Pyrrhon n’était pas disciple de Bryson, ou Bryson n’était pas fils de Stilpon. Zeller (Bd IV, p. 481, 3e Aufl., 1880) penche pour la première, nous inclinons vers la seconde. Pyrrhon a eu certainement pour maître un Bryson, Diogène l’atteste et Suidas le répète à deux reprises. Mais il résulte du texte de Suidas (Σωκράτης) que le Bryson dont il s’agit était non le fils de Stilpon, mais un disciple de Socrate ou, suivant d’autres, d’Euclide de Mégare. Σωκράτης… φιλοσόφους εἰργάσατο… Βρύσωνα Ἡηρακλεώτεν ὃς τὴν ἐριστικὴν διαλεκτικὴν εἰσήγαγε μετὰ Εὐκλείδου… τινὲς δὲ Βρύσωνα οὐ Σωκράτους ἀλλ’ Εὐκλείδου… ἀκροατὴν γράφουσι τούτου δὲ καὶ Πύρρων ἠκρόασατο. Ailleurs (Πύρρων), Suidas regarde Bryson comme disciple de Clinomaque, autre philosophe de l’école Mégarique. C’est peut-être le même Bryson que nomme Sextus (M., VII, 13), dont Aristote dit qu’il avait trouvé la quadrature du cercle et qu’il appelle un sophiste (Rhét., III, 2, 13 ; De anim. histor., VI, 5 ; IX, 11 ; De sophism. elenc., XI, 26). Cf. Zeller, II, 836.
  2. Diog., IX, 61, 67 ; Aristocles, ap. Euseb., Præp. evang., XIV, xviii, 27. Outre Bryson et Anaxarque, on compte quelquefois Ménédème parmi les maîtres de Pyrrhon (Waddington, loc. cit.). Mais il résulte d’un texte de Diogène (II, 141) que Ménédème vivait encore au temps de la bataille de Lysimachie (278 av. J.-C.), et il mourut à soixante-quatorze ans ; il était donc plus jeune que Pyrrhon d’environ treize ans. (Cf. Suidas, Ἄρατος) Il est vrai qu’on lit dans Suidas (Σωκράτης) : …Παίδωνα Ἠλεῖον καὶ αὐτὸν ἰδίαν συστήσαντα σχολὴν τὴν Ἠλειακὴν ἀπ’ αὐτοῦ κληθεῖσαν, ὕστερον δὲ αὕτη Ἐρετριακὴ ἐκλήθη, Μενεδήμου εἰς Ἐρέτριαν διδάξαντος·