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LA RUE DU SAINT-ESPRIT

l’une grosse à y fourrer un bœuf, l’autre étroite à n’y pouvoir entrer. Bref, c’était un modèle… qu’il ne fallait pas suivre.

Notre comédien, qui jouait les comiques, avait immédiatement vu le parti qu’il en pouvait tirer. Il la mit soigneusement de côté, se promettant d’y songer en temps utile.

L’occasion se présenta bientôt.

Quelques jours après l’enterrement de son grand-père — le soir même, disent des auteurs qui veulent se faire passer pour toujours bien informés, — il emporta sa culotte rouge au théâtre, la revêtit et parut sur la scène avec ce vêtement d’un autre âge qui n’eût pu, du reste, servir à autre chose.

Le succès qu’il obtint est inénarrable. Passons par conséquent.

Il rentra chez lui et, en se couchant, il posa sur une chaise la fameuse culotte. Puis il souffla sa lumière et s’endormit…

…Un léger bruit lui fit bientôt ouvrir les yeux. Il se dressa épouvanté. Devant lui, près de la porte de sa chambre qu’il se rappelait avoir fermée avec soin suivant son habitude par crainte des voleurs, il aperçut un grand vieillard étrangement vêtu.

Il portait une ample robe à fleurs jaunes qui retombait toute raide sur le plancher en cachant

Légendes bruxelloises.

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