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vii

— Monsieur Lerbier prévient mademoiselle qu’il l’attend au salon et la prie de venir l’y retrouver.

— J’y vais.

Seule, Monique donna un coup d’œil à sa glace :

— J’ai une mine affreuse !

Elle se mit de la poudre, se regarda encore et soupira. Une autre Monique, si différente de celle d’hier, lui faisait face… Oui, une nouvelle Monique ! Elle songeait à l’ancienne, si proche, si lointaine, comme à une morte.

— Allons ! fit-elle.

Elle avait déjeuné dans sa chambre, plutôt que d’affronter, dans l’apparat de la salle à manger, la présence de sa mère et la curiosité des domestiques. M. Lerbier avait téléphoné qu’il ne rentrait pas : toujours ses affaires, et qu’il passerait aussitôt après…

Du seuil, elle chercha son regard, ne vit qu’un dos préoccupé. M. Lerbier, en l’attendant, se promenait de long en large.

— Assieds-toi, dit-il, en lui désignant un siège, en face de lui.

Elle pensa : le banc de l’accusée ! Il prit lui-même