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la garçonne

ciel, toute l’énergie de la nature, l’aveugle soulèvement des forces séculaires, qui, sans souci des chastetés apprises, travaillent instinctivement à la perpétuation de l’espèce.

Plus tard, elle se souvint longtemps, en un regret mêlé de douceur, de cette heure où elle avait cru communier avec l’âme de la terre…

— Mon bouquet ! s’était-elle exclamée, avant de se remettre en route.

Elle ramassait les brins parfumés. Puis elle enlaça le cou brun de Pietro. Il contemplait, d’un air satisfait, le paysage. Elle lui en voulut. Il ne devait penser qu’à elle ! Et lui mettant la touffe de lavandes sous le nez :

— Sens !

Il éternua, chatouillé. Alors elle se mit à rire…

— Je les garderai, ces fleurs ! Elles ne se faneront jamais dans mon souvenir.

Deux mois après, à Paris, Monique retrouvait, avec un détachement amusé, une des tigelles, séchée centre deux poèmes du Samain qu’elle avait emporté à Clairvallon, et dont elle avait renoncé, dès le premier soir, à feuilleter à haute voix les pages, avec son compagnon…

La fin de son séjour avait été gâchée par une pénible déception. L’inexorable apparition périodique l’avait une deuxième fois persuadée qu’elle n’avait plus rien à attendre de son partenaire, en dehors d’un échange de sensations que tout autre gymnaste, propre et sain, était capable de procurer.

Peer Rys, aussitôt, lui était apparu dans sa véritable nudité : il était bête, ignorant et vaniteux. La fierté avec laquelle elle l’exhibait jusque-là, ainsi