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la garçonne

— Jamais, fous entendez, jamais je ne travaillerai pour vous, si vous me reparlez de cela !

Le gros homme verdit, et répéta :

— Seulement être moins loin de fous… pouvoir respirer votre parfum… Fous seriez libre… tout à fait libre…

Alors, sourdement, d’une voix basse et précipitée, elle lâcha :

— Vous êtes ignoble ! Vous ne voyez donc pas à quel point tout ce que vous dites, et tout ce que vous ne dites pas, vous dégrade, et me salit !… Non, taisez-vous ! Ce que vous représentez pour moi, vous et votre argent, c’est ce qu’il y a de vil au monde, c’est toute la bassesse et la férocité des hommes… Votre désir me souille, votre luxe me fait horreur ! Vous êtes. (Elle s’arrèta)… Non, tenez, inutile, vous ne comprendriez pas !

Il soupira :

— Comme fous êtes dure !

Elle le regarda : bedonnant, lamentable.

— Oui, vous ne pouvez pas comprendre… Restons-en là. J’étais de triste humeur ce soir. Il y a des jours comme ça !… Il suffit d’une goutte de boue, la dernière, pour que le cœur déborde.

Il avala l’affront, et s’inclinant avec humilité :

— Je fous demande pardon ! Je ne foulais pas… Je ne savais pas… Malheureuse, fous ? Comment se douter ?… Soyez tranquille, je ne fous reparlerai jamais… de rien… Pour me montrer que fous m’excusez, promettez-moi seulement de fous occuper… quand fous voudrez, quand fous pourrez… de faire remeubler ma maison… par Mlle Claire, tenez, si cela fous ennuie d’y penser fous-même !… Que j’aie au