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la garçonne

travaille pour la guerre et gagne, paraît-il, des millions à fabriquer des explosifs. Et dire que pendant ce temps, embusqués, rescapés et spectateurs mènent tranquillement et frénétiquement la grande nouba ! On s’accouple et on tangue, on tangue et on s’accouple, à Deauville !

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Monique a dix-neuf ans. Le cauchemar a pris fin. Une telle force expansive, un tel besoin d’épanouissement sont en elle que, depuis l’armistice, elle a presque oublié la guerre. Le flot quotidien l’emporte.

Plus que jamais repliée sur elle-même, et de moins en moins mêlée à l’existence de ses parents, elle suit des cours de littérature et de philosophie, pratique activement les sports : tennis, golf, et s’amuse, le reste du temps, à modeler des fleurs artificielles… Un procédé à elle.

La bande mondaine dont, malgré elle, elle fait partie, la déclare une originale, voire une poseuse parce qu’elle n’aime ni le flirt ni la danse. Monique, inversement, juge ses amies des folles plus ou moins inconscientes, et profondément dépravées… Fouiller, comme Michelle Jacquet, dans les poches des pantalons de ses petits amis ? ou, comme Ginette Morin, s’enfermer dans tous les coins avec ses grandes amies ? Non, merci.

Monique, si elle aimait, n’aimerait qu’un grand