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la garçonne

Les garçons commençaient à empiler les chaises sur les tables.

— Une heure, dit Monique, en regardant la pendule. Déjà !…

— C’est vrai, constata Boisselot. Comme le temps a passé !

Sur le trottoir, au coin de l’Opéra, il s’apprêtait gauchement à prendre congé. Elle allait héler un taxi, quand il lui demanda :

— Où habitez-vous ? C’est important, à cause du quartier…

— Rue de la Boëtie, voyons !

Il grommela :

— Vous pourriez ne pas avoir votre appartement au même endroit que vos magasins !

Elle sourit en songeant, — pourquoi ? — à sa garçonnière de Montmartre, et répondit :

— Mais si. J’habite à l’entresol au-dessus. Et j’espère que vous me ferez un de ces jours le plaisir de venir déjeuner, avec notre ami Vignabos…

Il restait coi, flatté. Pas banale, et simple, malgré sa renommée… En somme, oui, il la reverrait volontiers. Il prit et serra, amicalement, la main qu’elle lui tendait. Elle lui jeta, comme il refermait la portière :

— Entendu, n’est-ce pas ?… Ah ! votre adresse ?

— 27, rue de Vaugirard.

— Au revoir. Je vous enverrai un mot…

Comme le taxi démarrait, elle se pencha, regarda la silhouette trapue qui s’éloignait, à pas lents :

— Gentil, ce Boisselot…