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que son luxe comportait, en nouveauté, d’appréciables agréments. Mais elle avait, en même temps, achevé de le séduire par sa finesse d’intelligence et, aussi, par l’étendue de culture qu’elle avait révélée, aux tournants de la conversation…

Bien que Régis Boisselot jugeât l’esprit d’une femme suffisant, si, belle, elle était capable de volupté, et qu’il eût même une prévention secrète contre celles qui se piquaient d’autres soucis, il avait trouvé, à l’individualité de Monique, un charme de plus… Le fait qu’elle pratiquait un métier, différent du sien, et y avait réussi, avait même donné dès l’abord à leur camaraderie un plain-pied propice à l’entente. Décoratrice, elle l’amusait, autant sans doute que, romancière, elle l’eût agacé…

Ainsi, respectant en elle une équivalente, et sur un plan où leur développement réciproque ne se contrariait pas, Boisselot, aussitôt agréé, était bientôt devenu Régis, ami quotidien. Elle avait devant lui ouvert, vidé son cœur. Bientôt il avait tout su d’elle, et la tendresse en lui était née, de la pitié.

Ils n’étaient pas sortis ensemble une semaine, qu’un soir — où, ayant dîné avenue Frochot chez le peintre Rignac, il la reconduisait à pied, comme d’ordinaire, — l’inévitable s’accomplit.

Il n’avait pas eu besoin de lui dire qu’elle lui plaisait, — et comment ! Son silence et ses rougeurs parlaient si cru que Monique, — elle-même touchée par cette sympathie imprévue, si vite grandie, — avait été attirée vers ce qu’elle devinait de plus en plus, sous la rude enveloppe : une âme neuve, et un cœur tendre… Elle l’appelait gentiment : « Mon ours ! » Elle se disait : « C’est un enfant ! » Et elle