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la garçonne

mington — tout les émerveillait, comme autant de découvertes. Chaque heure, un peu plus, les dévoilait à eux-mêmes.

Enfin, au retour, elle s’était amusée comme une gosse de la grande surprise ménagée, avec l’aide de Claire, à la mauvaise humeur de Régis que la rentrée à Paris, et sa séparation forcée, empoisonnaient : il habitait, avec sa mère, un petit appartement. Où se revoir ?

La banalité des chambres d’hôtel lui répugnait, et plus encore le rez-de-chaussée-fumerie, témoin d’un passé auquel, — épris bien plus qu’il ne se l’avouait, — il ne songeait pas sans une rancune haineuse. La garçonnière-catafalque, non, merci !

Quant à l’entresol de la rue de la Boëtie, où, hardiment, elle lui proposait de vivre désormais avec elle, l’affichage lui avait paru gênant. Pauvre, il n’entendait pas vivre chez sa maîtresse.

Aussi n’avait-ce pas été sans grognements qu’elle était parvenue, le soir même de leur retour, à le déterminer à revenir, une (fois encore, rue Pigalle. Ensuite on chercherait, on verrait… Il s’était laissé convaincre, lâche devant son plaisir, devenu besoin. Monique jouissait d’avance de l’effet de sa surprise.

Quand ils avaient pénétré, du petit vestibule entièrement transformé, dans la grande pièce où de l’ancien décor de Chine nocturne aucune trace ne restait, il n’avait pu retenir une exclamation.

— Ça, c’est épatant ! Tu as trouvé quelque chose d’autre à louer ? Il y avait donc un second rez-de-chaussée dans la maison ?

— Non, c’est le même. Seulement Claire a, sur mes indications, tout modifié. Ça te plaît ?…