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la garçonne

lui avait-elle pas avoué, comme à un confident fraternel, toutes ses aventures ?

Ils s’étaient pris en connaissance de cause, librement, allègrement… Jaloux aujourd’hui ? De quel droit ? Il n’était pas une brute, voyons ! Jamais, avant d’avoir rencontré Monique, il n’avait connu l’ivresse d’un durable amour partagé. Franc à l’excès, et jusqu’à la violence, il n’avait pu retenir longtemps celles qu’eût pu fixer peut-être son talent généreux, — et surtout sa vigueur de mâle, — s’il ne les avait une à une éloignées, par une tyrannie maladroite…

Aucune, il est vrai, ne l’avait conquis plus rapidement et plus complètement que « cette sacrée fille » dont la possession l’émerveillait, trois mois après, comme au premier jour.

Elle releva le front, secoua ses boucles drues. Elle avait tant de cheveux que, bien qu’ils ne dépassassent pas la nuque, elle eût pu, si elle l’eût voulu, les masser en chignon.

— Au fond, dit-elle, c’est ma coiffure que tu n’aimes pas ? Sois franc.

— Elle te va très bien.

— Mais…

Il avoua :

— Eh bien ! oui, cela te donne un air masculin, que tout le reste dément.

— Ça te choque ?

— Non… oui… ça me choque comme un manque d’harmonie, voilà tout.

Elle sourit, sans répondre.

— Pourquoi souris-tu ?

— Pour rien.

Il observa, en se mettant sur son séant :