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la garçonne

seuil de la maison, parut… Elle agitait le bras en Signe d’accueil, hâtait sa marche alerte.

— Bonjour, ma chérie ! Bonjour, monsieur Boisselot. Nous nous demandions si vous viendriez… Car, sans reproche, vous vous faites rares !… Je ne vous en veux pas. Les amoureux sont des égoïstes.

Elle avait pris Monique par le bras.

— Pourquoi n’êtes-vous pas venus déjeuner ? Il y avait un de ces porcs aux haricots blancs !… et le petit Vouvray, que M. Boisselot ne déteste pas…

Elle se tourna vers lui :

— Il y a deux bouteilles qui vous attendent, bien rafraîchies ! Quoique vous ne le méritiez guère, accapareur !… Venez vite, tout le monde vous attend.

— Qui, tout le monde ? s’enquit Monique.

— Votre grand ami Vignabos, M. Blanchet, et les Muroy, que vous connaissez.

Le nez de Régis s’allongea. Il hésita s’il ne ferait pas demi-tour. Mais déjà elles traversaient le salon, centre de la demeure, et dont les portes-fenêtres ouvraient en vis-à-vis sur le jardin d’entrée, et, derrière, sur le bois. Il suivit, Monique, un moment, s’arrêta :

— Comme j’aime cette pièce !

— C’est bien simple, dit Mme Ambrat.

— Justement !

C’était reposant, cette atmosphère intime, avec les anciens meubles provinciaux, luisants de la patine que donne, de génération en génération, l’entretien familial. Monique appréciait particulièrement une vaste armoire aux sobres moulures qui venait des grands parents tourangeaux de M. Ambrat. Vestige de la maison ancestrale.