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la garçonne

une, de l’autre côté, en 1915… Seulement c’était une balle boche !

— Ne parlez pas, vous vous énervez, dit Mme Ambrat.

— On n’aura pas la peine de vous extraire celle-ci, dit Monique, inclinée vers lui. Regardez, voilà ce qu’elle s’est amusée à me faire, en sortant.

Il fut si ému, à la vue du rouge sillon, qu’il pâlit, prêt à s’évanouir encore…

— Un bobo ! Ne vous effrayez pas…

Elle ne savait que lui dire… Elle eût voulu lui crier tout ce qui bouillonnait en elle, sa reconnaissance… Les mots se pressaient, impuissants, et lui restaient aux lèvres. Elle avait peur aussi de le fatiguer. Elle murmura :

— Sans vous !…

Il répondit, avec un regard dont la fièvre involontaire donnait aux paroles tout leur sens :

— Ne me remerciez pas. C’est si simple !

Si simple ! Ce geste, oui, il l’eut fait pour toute autre… Parce qu’il était courageux, et chevaleresque… Mais, — maintenant elle en était sûre, — il était heureux, surtout, de l’avoir fait pour elle. La satisfaction qu’elle lisait, à son visage, l’emplissait elle-même d’un trouble dont elle n’était pas maîtresse…

— Ah ! voilà Marie ! dit Mme Ambrat. Eh bien ?

— Le docteur était là. Il vient tout de suite.

— Bon, mettez de l’eau à bouillir.

Blanchet attendit qu’elle eût refermé la porte.

— Et maintenant, il faut se concerter… Le revolver ?

M. Ambrat le montra :