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CHAPITRE PREMIER


FORME ET STRUCTURE DE LA FRANCE


I. LA FORME. || II. AMINCISSEMENTS PROGRESSIFS DU CONTINENT EUROPÉEN. || IV. VALEUR DES OBSERVATIONS DES ANCIENS. || IV. TRAITS GÉNÉRAUX DE STRUCTURE. || V. HARMONIE ET ÉQUILIBRE DES PARTIES. || VI. PASSAGES DE CIRCULATION GÉNÉRALE.


I LA FORME

LA FORME de la France, engagée dans le continent, mais dans une partie effilée de ce continent, tire sa raison d’être de faits très généraux, excédant de beaucoup son cadre.

Le doigt d’un enfant, suivant sur une carte ou un globe les contours de l’ancien monde, serait insensiblement conduit vers un point où les lignes qui encadrent la plus vaste masse continentale se rapprochent, convergent presque, de façon à dessiner une sorte de pont entre la Méditerranée et l’Océan, qui s’écartent de nouveau ensuite. Au point le plus resserré, entre Narbonne et Bayonne, l’intervalle n’a guère plus de 400 kilomètres.

Ceci n’est pas un trait fortuit et local. Tandis qu’à l’extrémité orientale de l’ancien monde, le continent arrondit ses flancs convexes vers des mers rangées en bordure, un type terrestre tout différent prévaut à l'extrémité occidentale. Le continent se projette hardiment; deux systèmes de mers l’échancrent en sens transversal, et cette configuration est un héritage lointain du passé. Les mers que représentent actuellement la Méditerranée d’une part, la Baltique et la mer du Nord de l’autre, ont beaucoup varié, au cours des périodes antérieures, dans leur forme et leur étendue, mais non dans leur direction générale. Une distinction, attestée par la nature des faunes, s’accuse persistante entre les deux systèmes maritimes du Nord et du Sud. On peut s’en rendre compte en considérant les cartes où les géologues reconstituent pour les époques antérieures les divisions générales des terres et des mers. Les mers du Nord et du Sud de l’Europe y sont séparées par une suite de massifs émergés qu’elles n’ont, dans le cours des âges, envahis qu’en partie, temporairement, et par-dessus lesquels les communications n’ont jamais été que restreintes. Le seuil du Poitou, en France, ainsi que les croupes inter-