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tectes refaisaient éternellement le Parthénon ou le temple de Pæstum, les sculpteurs copiaient l’Apollon du Belvédère, et les peintres s’en tenaient à un art qu’ils qualifiaient de classique, mais qui n’était que formules et procédés.

Quant à l’art appliqué il n’existait plus. L’emploi croissant des machines, le développement continu de la grande industrie avaient amené la ruine des vieilles industries locales soucieuses d’élégance et de beauté. Les fabricants, se conformant au goût du public, produisaient à la grosse des ameublements quelquefois riches et somptueux, mais le plus souvent lourds, rigides, sans élégance ni confortable, et les historiens de l’art savent tout ce qu’évoque de prétentions maladroites, d’incohérence, de laideur agressive cette production du début du XIXe siècle et de l’époque victorienne. Peut-être quelques personnes de goût en gémissaient-elles, mais nul ne songeait à y porter remède : les artistes n’eussent point condescendu à s’occuper d’une forme d’art qu’ils jugeaient inférieure, et les artisans méprisés se bornaient à leur besogne manuelle sans aucun souci de beauté.

Ainsi semblaient être justifiées les doléances de critiques pessimistes qui affirmaient que, sauf de rares exceptions, l’Angleterre n’était pas une nation artiste. Auprès des graves crises économiques et politiques qui bouleversèrent le pays pendant toute la première moitié du XIXe siècle, les problèmes d’art semblaient de bien peu d’importance ; les uns les niaient, les autres, plus favorables, en remettaient la solution à plus tard.