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de Morris sur l’art décoratif et de la façon dont il les réalisait pratiquement. En dépit d’apparentes analogies de technique et d’aspect, tapis et tapisseries sont des œuvres très différentes par leur destination ; on oublie trop souvent que s’ils sont destinés à concourir à l’ornementation des salles, ils ne se présentent cependant pas de la même façon. Il y a quelque différence, disait Morris, entre une œuvre d’art placée sous vos pieds et une autre tendue verticalement devant vos yeux et par conséquent chacune doit avoir ses caractères propres. Aussi n’eut-il jamais recours aux personnages et aux animaux pour ses tapis, mais seulement aux plantes très stylisées comme dans les vieux tapis persans, ou aux ornements géométriques, en se préoccupant d’éviter la raideur et la monotonie. L’art en est infiniment moins délicat que celui des tapisseries, le souci du détail y est beaucoup moindre. L’influence orientale y demeura toujours très visible ; Morris avait la plus grande admiration pour les vieux tapis persans, il en possédait même quelques-uns et s’en est inspiré directement. Alors que pour les vitraux et les tapisseries, il avait réussi à se dégager peu à peu de l’influence du moyen âge et à produire des œuvres vraiment originales, ses tapis sont d’un art moins personnel encore que très séduisants par la richesse de leur coloris. (Planche XVII.)

Dans l’ensemble, si nous oublions pour un instant quelques œuvres exceptionnelles, les caractères distinctifs du talent de Morris comme décorateur ont été un sens admirable de la couleur et le sentiment très juste