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grand public anglais, qui jusqu’alors les jugeait réservées aux professeurs et aux spécialistes. Dès 1865 Morris avait commencé l’étude de l’islandais pour pouvoir lire dans le texte les vieilles légendes nordiques. En collaboration avec M. Eric Magnusson il publia par la suite des traductions d’un grand nombre de ces sagas, et ajouta aux personnages héroïques de ses poèmes les grandes figures de Brynhild, de Gudrun, de Sigmund et de Sigurd le Volsung. Dès 1868 elles apparaissent dans le Paradis terrestre et tiendront une place de plus en plus grande dans son œuvre.

En 1871 Morris voulut aller visiter l’Islande. Faulkner et Eric Magnusson l’accompagnaient, et un ami M. W.-H, Evans se joignit à eux. C’était une véritable expédition qu’ils entreprenaient. Malgré les progrès des chemins de fer et les excursions savamment organisées par l’agence Cook, l’Islande reste, encore aujourd’hui, une terre lointaine et mystérieuse, un peu en dehors de la route habituelle des touristes. En 1871 l’île était encore moins fréquentée, il n’y avait pas de chemin de fer, les routes même étaient rares, et dans l’intérieur du pays il ne fallait espérer ni hôtel, ni auberge. Les voyageurs allaient à cheval, emportant avec eux tentes et provisions. Morris et ses compagnons durent d’autant plus se soumettre à cette coutume, que leur intention n’était pas de se rendre aux sites fameux, aux geysers devant lesquels s’extasiaient les touristes, mais qu’ils voulaient revivre la vie de l’ancienne Islande en visitant les lieux où s’accomplirent tant d’actes héroïques ou de meurtres,