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Page:Vidalenc - William Morris.djvu/111

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sont que des prétextes et Morris ne s’est servi d’eux que pour montrer dans toute leur puissance douloureuse les éternels sentiments d’angoisse, de regret ou de crainte qui saisissent l’homme en face de l’avenir plein d’inconnu ou de la mort inévitable et proche.

M. Noyes, un de ceux qui ont le mieux étudié l’œuvre littéraire de Morris, a fait remarquer que sa poésie se pouvait comparer à ses tapisseries : c’est le même déroulement de couleurs brillantes, de décors pittoresques où se détachent des personnages un peu hiératiques et demi-symboliques; ils conservent suffisamment de réalité pour demeurer pathétiques et vraiment humains, mais ils ont aussi le charme étrange des êtres mystérieux et surnaturels. Dans les deux cas c’est le même souci de l’impression d’ensemble, le même dédain des détails. Et M. Noyes a pu dire que le Paradis terrestre nous produit l’effet « d’un immortel palais d’art aux tranquilles galeries dorées, tendues de tapisseries et de rêves éternels, dans lesquelles passe perpétuellement la procession des plaisirs, des douleurs et des terreurs des hommes ». Morris lui-même associait d’ailleurs toujours la tapisserie et la poésie, sa riche imagination lui fournissait sans se lasser des sujets de poème comme des motifs de décor, et mettre en vers n’était pour lui qu’un jeu. On a pu, avec raison, lui reprocher des longueurs, des négligences, on ne saurait nier cependant le pittoresque volontiers archaïque, ni l’émotion de ses poèmes.

Il introduisit aussi dans la littérature de son temps une note originale, en révélant les sagas Scandinaves au