Page:Vidalenc - William Morris.djvu/118

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leur beauté, pussent encore en magnifier les vers et rappeler la splendeur des manuscrits ou des incunables, mais toujours il s’était heurté à l’incompréhension et au mauvais vouloir des éditeurs ou à des difficultés matérielles qu’il ne pouvait vaincre.

Aussi, dès qu’il le put, il résolut de fonder une imprimerie, de devenir à la fois imprimeur et éditeur. De même qu’il avait tenté de réagir contre la laideur triomphante dans les arts décoratifs, il voulut que cette imprimerie de Kelmscott ne fût pas seulement une entreprise commerciale, mais qu’elle servît la cause de la beauté et de l’intelligence.

Précédemment, en 1872, Ruskin avait établi à Orpington, dans le comté de Kent, une maison d’édition pour ses propres ouvrages. Il jugeait excessifs les bénéfices des éditeurs, bénéfices dont ni les ouvriers, ni les lecteurs ne profitaient, et il avait songé à faire œuvre sociale : diminuer le prix de revient des livres en même temps qu’il s’assurait une impression plus scrupuleuse. Mais il se bornait à ses propres ouvrages. Morris élargit considérablement ce programme; il se proposait de donner des éditions aussi parfaites que possible d’œuvres vraiment originales. Avec une liberté d’esprit qui lui fait honneur, il sut choisir les œuvres les plus diverses parmi celles dont s’enorgueillit à juste titre l’esprit humain. Dans sa pensée il s’agissait d’une collection que l’on pourrait accroître presque indéfiniment en puisant dans les littératures de tous les pays et de tous les temps.

On trouve en effet parmi les éditions de Kelmscott des