Page:Vidalenc - William Morris.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de ses ateliers et ses ouvriers le retrouvèrent, comme jadis, et malgré l’âge, prompt à l’enthousiasme et toujours prêt pour de nouvelles tentatives; il n’aimait point en effet suivre les autres, ni se recommencer lui-même. Il lui fallait des horizons nouveaux, les difficultés semblaient avoir pour lui une magique attirance; plus pénible apparaissait la tâche à accomplir, plus joyeusement il s’y donnait. Avec les années s’affirmait aussi le souci, toujours plus vif, de mieux faire et de vivre mieux. En 1891 il écrit : « O combien ardemment je souhaite empêcher le monde de me rétrécir et combien je désire regarder toutes choses dans un esprit large et avec bonté ! » Il voulait devenir de plus en plus étranger aux calculs, aux intérêts mesquins du négoce et de la politique et sa vie en prend une majesté, un rayonnement peu communs.

La prospérité de sa maison de décoration était alors solidement établie, les ouvriers qu’il avait formés étaient suffisamment entraînés, aussi, se sentant moins nécessaire, dédaigneux d’une tâche trop facile à son gré, il allait, à cinquante-six ans, se renouveler complètement et consacrer ce qui lui restait de forces à la transformation de l’imprimerie. Poète et artiste, il déplorait le commercialisme qui déshonorait les livres; il s’indignait du manque de conscience et de goût des imprimeurs et éditeurs du XIXe siècle et se prenait à regretter le soin délicat des enlumineurs du moyen âge ou le sens artistique très pur des grands imprimeurs des XVe et XVIe siècles. Souvent il avait rêvé pour ses poèmes, des éditions qui, par