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drements surtout, on retrouve les merveilleuses qualités d’exubérance, qui faisaient le charme de ses tapisseries et de ses papiers peints. Les motifs en sont le plus souvent des feuillages ou des fleurs très stylisés se déroulant en volutes harmonieuses, réminiscences des bordures des manuscrits du XIVe siècle ou de l’art roman primitif, flore qui a la même grâce naïve et un peu hiératique que celle de nos cathédrales. (Planches XVIII, XIX, XX.)

Après quelques tâtonnements, Morris, grâce à l’aide efficace de M. Emery Walker, de son contremaître M. William Bowden, parvint à faire de l’imprimerie de Kelmscott une œuvre remarquable à tous égards réalisant le programme qu’il s’était tracé : « Produire des livres qui seraient des œuvres de beauté en même temps qu’ils seraient aisés à lire et n’éblouiraient pas les yeux du lecteur ou ne troubleraient pas son intelligence par l’excentricité de forme des lettres. » C’est qu’en effet malgré l’archaïsme volontaire de ses éditions, Morris ne perdait jamais de vue leur utilisation pratique.

Le premier livre à sortir des presses de Kelmscott devait être la Légende dorée, mais dans l’impossibilité de se procurer à temps un papier convenable de grain assez fin et assez résistant, Morris dut surseoir à ce projet et le premier livre imprimé le 4 avril 1891 fut un de ses ouvrages : L’histoire de la plaine étincelante. La Légende dorée ne devait être imprimée qu’en 1892 sur un papier spécial de chiffons de toile fabriqué dans les ateliers de M. Batchelor à Little Chart (Kent). L’obtention de ce papier avait nécessité des recherches longues et