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Page:Vidalenc - William Morris.djvu/13

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risme de ses contemporains, de les amener à sentir le charme de la beauté. Avec une vigueur combative qui lui faisait exagérer sa pensée, il attaqua les dogmes artistiques au nom desquels on décourageait les jeunes talents, les poncifs que l’on copiait fidèlement et qui dispensaient d’effort. Il fut injuste pour l’architecture grecque par haine de ses maladroits imitateurs, il dénonça la froideur et l’insuffisance de l’art à la mode et tint à honneur de réhabiliter l’architecture gothique, les primitifs italiens et les grands artistes modernes. Dès 1843, à peine sorti de l’Université, il avait, dans son premier volume des Peintres modernes, condamné certaines conventions et surtout proclamé la supériorité de Turner, alors méconnu.

Nous n’entreprendrons pas de rechercher ici toutes ses idées esthétiques, ni les principes sur lesquels il prétendait les appuyer, mais nous voulons rappeler qu’il sut faire naître dans toute l’Angleterre un vif mouvement de sympathie en faveur de l’art. Et certes la tâche n’était pas facile, il lui avait fallu forcer l’attention et commencer l’éducation artistique de tout un peuple. Ce fut un véritable apostolat auquel il consacra toutes ses forces.

En 1851 il prit vigoureusement la défense de quelques jeunes gens, parmi lesquels : D.-G. Rossetti, W. Holman Hunt et J.-E. Millais, qui s’étaient groupés sous le vocable de « Frères Préraphaélites » et se proposaient de faire régner la sincérité et la vérité dans l’art. « Le préraphaélite, écrira Ruskin, n’a qu’un principe : la