Page:Vidalenc - William Morris.djvu/133

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fatigué, la barbe et les cheveux grisonnants, le visage creusé de rides profondes, mais toujours il conservera ce même regard doux, pénétrant, un peu mystérieux.

Bonté et activité étaient en effet les traits dominants de son caractère, et c’était là aussi le secret de son charme. Bonté profonde et agissante, qui ne se répandait pas en paroles vaines, activité qui ne dédaignait pas les plus humbles besognes, et c’est pourquoi l’influence de Morris a été si considérable sur son entourage. Il fut vraiment un conducteur d’hommes car il savait susciter les vocations, grouper les bonnes volontés, coordonner les efforts et ranimer les défaillants. Et nul homme, à notre sens, ne pourrait souhaiter de plus bel hommage que celui que lui rendait un de ses ouvriers disant : « Morris était un chef merveilleux, un grand artiste, un grand artisan, plus encore un grand homme et, surtout, un tel ami à connaître et à aimer. »

Dans quelle mesure était-il représentatif de la mentalité anglaise de son époque ? Faut-il voir en lui, comme le veulent certains de ses biographes, une personnalité significative de ce qu’était l’esprit anglais de son temps ou faut-il au contraire le considérer comme un esprit original ne devant presque rien à son milieu ? Qu’on nous permette de rappeler, ici, la très pénétrante analyse que, dans son livre sur le roman social en Angleterre, M. L. Cazamian a donné du caractère britannique : « Deux types, écrit-il, s’y peuvent rencontrer : le type concret, positif et le type imaginatif et émotionnel. Le premier nous est plus connu en France, car il nous a été révélé