Page:Vidalenc - William Morris.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par une abondante littérature de voyages. C’est le caractère concret, positif, qui forme l’élément le plus original du génie anglais et qui explique le mieux les caractères particuliers de son histoire. Sa part dans la civilisation anglaise est considérable, on lui doit la liberté politique, le développement de la grande industrie et de la puissance économique anglaises. L’autre type, beaucoup moins répandu d’ailleurs, nous est moins familier mais ne doit pas être négligé. Il existe dans toutes les classes de la société, mais surtout dans l’élite artistique et morale. Sa part dans la civilisation anglaise n’est pas moins considérable que celle de l’esprit positif, encore qu’elle se révèle malaisément. C’est à cette catégorie qu’appartiennent des idéalistes comme Shelley, comme Ruskin, des mystiques comme Bunyan, Blake et Wesley. »

Il nous semble que la personnalité de Morris résulte d’un mélange de ces deux éléments : d’un côté le mystique aux tendances catholiques, le poète qui suit son rêve et évoque un passé doré illusoire, le socialiste sentimental qui s’émeut des souffrances humaines et rêve d’un avenir heureux pour tous, dans une société nouvelle ; de l’autre côté l’organisateur d’ateliers, le praticien énergique, le fondateur de groupes socialistes et le propagandiste. L’histoire du développement de la maison de décoration Morris et Cie, la fondation du journal The Commonweal ou de l’imprimerie de Kelmscott, autant d’œuvres qui témoignent d’un merveilleux sens pratique, de qualités remarquables d’observateur sagace et averti.

Et c’est, à notre avis, un beau spécimen d’humanité