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Page:Vidalenc - William Morris.djvu/139

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système ordonné et logiquement construit pour la rénovation de l’art décoratif ou de la société. Il n’avait rien d’un théoricien dogmatique et se contentait le plus souvent de prêcher d’exemple ; il luttait pour des réformes et poursuivait son œuvre d’éducation sans avoir approfondi tous les problèmes du marxisme. Dans son socialisme il y avait une forte part de sentimentalisme, car il était de ceux qui ne peuvent passer indifférents à côté de la douleur humaine et qu’émeut toujours le spectacle d’une injustice.

Ses théories sur l’art venaient de son admiration profonde pour le moyen âge. Le XIIIe siècle lui apparaissait comme une époque bénie entre toutes où les arts avaient atteint un merveilleux développement, supérieur à tout ce qu’on avait vu auparavant et qui n’avait jamais été égalé depuis. Cette admiration enthousiaste et exclusive le rendait même injuste pour l’art grec qu’il trouvait froid et sans vie, pour l’art de la Renaissance italienne, dans laquelle il ne voyait qu’une déviation et une erreur fâcheuse du génie gothique. En 1872, il avait visité l’Italie, mais sans y trouver cette richesse d’impressions qu’il avait rencontrées en Islande ; il n’alla même pas jusqu’à Rome et se contenta de voir Florence. À un de ses amis qui l’avait engagé à pousser plus loin il avait répondu : « Croyez-vous donc que je trouverais à Rome quelque chose que je ne puisse voir dans White-Chapel ? » Boutade si l’on veut, mais boutade significative, Morris s’intéressait plus aux hommes qu’aux monuments. Comme tous les convaincus, il avait des admirations et