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Page:Vidalenc - William Morris.djvu/149

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à détruire tout sens de la beauté et de l’harmonie chez les autres. Il faudrait que le dessinateur et le metteur en œuvre fussent, aussi souvent que possible, une seule et même personne, c’est à cette condition seulement qu’on pourra obtenir des œuvres qui seront à la fois originales et pratiques.

Quand en 1882 Morris fut appelé à donner son avis devant la commission royale chargée d’enquêter sur l’enseignement professionnel, il insista sur la nécessité de cette éducation technique pour le dessinateur. « J’estime essentiel pour un dessinateur de connaître la façon pratique d’exécuter le travail pour lequel il a dessiné un modèle. « Nécessité donc pour le dessinateur de connaître les exigences techniques du métier pour ne rien proposer qui ne soit exécutable, nécessité aussi pour l’artisan d’avoir quelque connaissance du dessin pour pouvoir faire en cours d’exécution toutes les corrections indispensables au projet primitif, nécessité pour tous deux de s’intéresser à leur œuvre, de l’aimer assez pour y mettre un peu de leur âme.

Aussi Morris demandait-il qu’on créât dans les écoles élémentaires un enseignement du dessin qui n’existait pas encore et qu’on ne verra apparaître en Angleterre que vers 1890. Il prétendait qu’un homme d’intelligence ordinaire, n’ayant reçu d’autre culture générale que celle de l’école primaire, mais ayant quelque pratique du dessin était capable de devenir un excellent ouvrier d’art, c’est-à-dire un véritable artiste. C’est pour cela qu’il recrutait un peu au hasard les apprentis de ses