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Page:Vidalenc - William Morris.djvu/150

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ateliers, sans se préoccuper des dispositions plus ou moins exceptionnelles qu’ils pouvaient présenter. Quand, à Merton Abbey ou à Kelmscott House, il avait besoin d’aide, fût-ce pour une besogne très délicate, il avait recours au premier ouvrier venu sans se soucier de son habileté, et il affirmait n’avoir jamais eu qu’à se louer de cette manière de faire.

Enseigner le dessin aux enfants n’était pas à ses yeux la seule réforme nécessaire, ni la plus urgente. Il condamnait ces taudis malsains et lugubres que sont souvent les maisons ouvrières dans les grandes villes. L’organisation sociale actuelle n’est pas favorable à la production de l’œuvre d’art, puisqu’elle parque les artisans dans des usines sans joie et les oblige à vivre dans des quartiers où grouillent les miséreux et les déshérités. Peut-on espérer qu’ils conservent le sens de la beauté et trouvent d’heureuses inspirations dans ce décor qui se peut résumer en deux mots : laideur et déchéance. En attendant qu’une organisation meilleure ait fait disparaître toutes ces tares, il importe que les artisans puissent étudier de près la nature, et dès maintenant il serait possible d’établir leurs ateliers et leurs demeures dans de plaisants paysages où ils trouveraient l’air, la lumière, l’eau courante et les fleurs.

En même temps qu’on améliorerait les conditions matérielles de travail, il faudrait transformer la mentalité de l’artisan, le relever à ses propres yeux et aux yeux de tous. Morris voulait lui donner une très haute idée de l’œuvre d’art, la lui montrer comme une œuvre de