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une pratique courante vers 1880 ; on pensait qu’il y avait des substances plus nobles les unes que les autres, employer le marbre ou le bronze, ou tout au moins les imiter, c’était, croyait-on, rendre quelque dignité aux arts industriels.

Même pour les objets seuls, la nature est, et doit demeurer la grande inspiratrice, la meilleure conseillère, car il ne s’agit pas d’être l’élève de tel ou tel, mais de faire œuvre personnelle. Il ne s’agit pas non plus, comme le croient certains novateurs, de créer du nouveau à tout prix, d’imaginer des formes inédites pour chaque objet, mais plus raisonnablement de produire de la beauté. Celui qui ira vers la nature en toute simplicité de cœur, qui l’observera avec amour, connaîtra la plus belle récompense qu’il soit donné à un homme d’obtenir : la joie de créer, de voir la matière s’animer sous ses doigts.

A ces principes généraux Morris ajoutait d’autres conseils, dont lui-même tirait des applications merveilleuses, mais que l’on peut cependant ne pas suivre sans manquer pour cela au respect de l’œuvre d’art. Ce ne sont nullement des dogmes, et si Morris les formule en général très catégoriquement et sans réserves, il faut voir là exagération de polémiste et non le désir de se poser en pontife. Par exemple il disait : « Que vos couleurs soient vives et claires, la nature que vous devez suivre ne vous présente guère ces tons ternes et sales où se complaît l’insuffisance des décorateurs modernes. » Personnellement, il affectionnait les teintes chaudes et riches, les ors somptueux, les rouges et les bleus éclatants, et l’on sait comment il mal-