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Page:Vidalenc - William Morris.djvu/159

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menait les clients assez mal avisés pour juger que ses tentures, ses tapisseries ou ses tapis avaient trop d’éclat.

Qu’il y ait quelque exagération dans cette prédilection pour les couleurs vives, comme aussi dans le dessin vigoureux mais parfois trop compliqué de certaines de ses étoffes c’est possible, mais l’exemple et l’influence de Morris rendirent au coloris une importance qu’on lui déniait.

Les adversaires qui avaient haussé les épaules et affecté de rire quand la maison de décoration fut fondée en 1861, qui avaient prétendu qu’une telle entreprise était, commercialement au moins, vouée à une faillite certaine se trouvèrent un peu déçus du succès de Morris. Ils l’imitèrent, copièrent ses modèles, mais en même temps ils se mirent à discuter point par point toutes ses idées, non sans acrimonie et sans quelque mauvaise foi.

On disait : Mais ces prétendues idées nouvelles ne sont que des banalités. Plagiat, affirmait-on ensuite ! Il n’y a rien dans tout cela qui n’ait déjà été dit, et plus éloquemment, par Ruskin. Morris aurait pu répondre qu’il ne s’était jamais donné pour un penseur original, mais qu’il s’efforçait de rappeler et de réaliser ce que Ruskin avait prêché. Là où le maître s’était contenté d’idées générales, mais nécessairement vagues, d’improvisations éloquentes et désordonnées, Morris apporta un peu plus de précision et quelques renseignements pratiques. Il apporta aussi, ce qui valait infiniment mieux, la magie de son exemple. Quel plagiat pourrait-on d’ailleurs reprocher à celui qui reconnaissait si simplement tout ce qu’il devait à son