Page:Vidalenc - William Morris.djvu/162

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enthousiasme irréfléchi de jeune homme, mais l’aboutissant d’une évolution raisonnée. Il ne pouvait avoir le moindre doute sur les effets immédiats de cette adhésion, les socialistes étant généralement méprisés en Angleterre vers 1880. Toutefois, et cela ne peut nous surprendre de la part de cet indépendant, Morris conserva toujours une place à part dans le parti ; son caractère très droit, la belle franchise de ses idées, certaines exagérations de paroles faisaient de lui un merveilleux entraîneur d’hommes, mais un diplomate maladroit. Il avait peu de goût pour les compromissions, les petites habiletés, il répudiait toute violence, la jugeant le plus souvent inutile et presque toujours néfaste. Il pensait que la tâche essentielle du socialisme était alors une besogne d’éducation : « Il est nécessaire que notre mouvement ne soit pas ignorant, écrivait-il, mais au contraire intelligent et éclairé. Ce que j’aimerais à avoir par-dessus tout en ce moment, ce serait un groupe d’hommes capables, compétents, intelligents qui agiraient comme éducateurs. Je compterais sur eux pour prêcher ce qu’est véritablement le socialisme, non pas un changement pour l’amour du changement, mais une transformation faite pour réaliser l’idéal humain le plus noble, amenant une vie nouvelle dans laquelle chaque être humain trouvera un champ illimité pour le développement de toutes ses facultés. »

Il ne s’illusionnait d’ailleurs, ni sur les difficultés de la tâche, ni sur les insuffisances et les préjugés de ses amis politiques. À plusieurs reprises il aura le courage de se séparer d’eux, de risquer même sa popularité pour les