Page:Vidalenc - William Morris.djvu/165

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mettre en garde contre ce qu’il considérait comme des erreurs de tactique. Et cette indépendance à l’égard de ses amis nous apparaît plus significative encore que son dédain des conventions bourgeoises.

Mais inlassablement Morris reviendra sur cette nécessité de l’éducation préalable et il essaiera de la commencer en allant conférencier un peu partout en Angleterre et en Écosse, ne ménageant ni son argent, ni son temps, ni ses forces. Durant cette période d’activité sociale qui s’étend de 1877 à 1891, force lui fut bien d’abandonner un peu la direction de ses ateliers, mais si c’est l’époque la moins féconde de sa production artistique, elle n’est cependant pas sans importance pour la compréhension de son œuvre et de ses idées. Ce ne furent pas des années perdues, et Morris lui-même jugeait qu’elles avaient merveilleusement contribué à l’enrichissement de sa personnalité et de son talent. À ceux qui auraient cru devoir regretter le temps perdu pour l’art et passé à conférencier dans des meetings en plein air, à essayer d’instruire les métallurgistes de Birmingham ou les tisseurs de Manchester, à rédiger des ouvrages de doctrine ou des articles de journaux, il aurait certainement répondu : « Il est possible que j’aie écrit un poème, œuvré une tapisserie ou dessiné un carton de vitrail de moins que je ne l’aurais pu faire, mais à cette prédication qui vous semble vaine, j’ai gagné de mieux comprendre la vie, de mieux connaître les joies et les souffrances humaines et mon œuvre en a profité. Qu’importent un livre, un vitrail ou une tapisserie de moins si les autres sont plus beaux,