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Page:Vidalenc - William Morris.djvu/166

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plus riches de pensée ou d’émotion. J’ai plus appris en me mêlant à la vie des hommes, en partageant leurs luttes, leurs espoirs, leurs défaites que vous n’apprendrez jamais dans la tranquillité de vos ateliers ou le recueillement de vos cabinets de travail. Une idée noble que l’on a défendue, une œuvre généreuse à laquelle on a collaboré et pour laquelle on a souffert sont plus fécondes pour l’artiste que ce désintéressement dédaigneux dans lequel vous avez choisi de vivre. L’art doit reproduire la vie, comment pouvez-vous la connaître si vous ne vous y mêlez pas ? »

Nous ne voulons par grandir outre mesure William Morris. Nous connaissons les objections qu’on peut faire à ses idées, lui-même ne se dissimulait pas leur force. Il savait combien sa tentative était imparfaite et combien loin encore il était de cet art vraiment populaire qu’il rêvait de créer, il voyait bien que l’œuvre d’éducation qu’il avait entreprise ne faisait que commencer, qu’elle rencontrait des résistances tenaces, inattendues et que trop souvent, ceux à qui elle s’adressait s’en désintéressaient. L’architecture, l’art par excellence, celui dont la rénovation aurait dû entraîner les autres s’attardait en la reproduction de motifs surannés ; les artistes, pour la plupart, restaient fidèles à d’étroites disciplines et opposaient une résistance passive, mais obstinée, aux idées nouvelles, et la transformation sociale que rêvaient les socialistes restait lointaine. Morris savait tout cela, et c’est pourquoi, après avoir évoqué ce que serait l’art populaire de l’avenir, il écrivait, non sans quelque mé-