Page:Vidalenc - William Morris.djvu/168

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puériles et dangereuses. Il s’honora par ce refus comme Gladstone s’était honoré en faisant offrir le poste à un homme dont il ne partageait pas les idées et dont les opinions socalistes faisaient alors scandale.

Cette indépendance jointe à la merveilleuse beauté de son œuvre donnait à Morris une situation particulière dans la pensée et l’art anglais de la fin du XIXe siècle ; sans morgue, sans rien des allures pontifiantes qu’affectent volontiers les chefs d’écoles, il apparaissait un peu comme une sorte de patriarche aux yeux des artistes et des écrivains de la génération nouvelle qui savaient avec quelle sympathie il encourageait leurs efforts.

Il mourut d’avoir vécu d’une vie trop intense, trop pleine d’efforts et d’enthousiasme. Le médecin qui l’avait soigné résumait ainsi les causes de sa mort : « Sa maladie c’est simplement d’avoir été William Morris et d’avoir fourni plus de travail que n’en pourraient fournir dix hommes ordinaires. » Et ses dernières paroles furent en quelque sorte le résumé de toute sa vie : « Courage et Espérance ! »

Qu’importent après tout le succès de sa tentative, l’influence plus ou moins durable qu’elle peut avoir, qu’importe si certains ont pu relever des fautes de style dans ses poèmes et des fautes de dessin dans ses tapisseries, il n’en fut pas moins un véritable artiste, un créateur de vie qui sut communiquer aux autres un peu de sa croyance en la joie de vivre et en la beauté. Son exemple prend une valeur presque symbolique ; il nous apparaît un peu comme le représentant d’un autre âge, tout