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Page:Vidalenc - William Morris.djvu/167

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lancolie : « Nous ne verrons pas cet art nouveau (je parle de ceux de ma génération), cet art qui doit exprimer la joie de vivre, la joie que l’ouvrier éprouve dans son travail et c’est pourquoi il faut m’excuser si, de même que d’autres artistes, j’essaye de m’exprimer en utilisant l’art d’aujourd’hui. »

Il n’a pas désespéré cependant ; il a montré la route que d’autres allaient suivre et les progrès réalisés attestent la valeur de son enseignement. Mais si l’on conserve encore le souvenir de son œuvre et de ses théories, avec la génération qui le connut personnellement commence à disparaître le souvenir de l’homme qui jamais n’avait reculé devant l’effort, qui n’avait pas eu besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.

Sa vie entière est une belle leçon de droiture et de dignité ; sans tapage, sans ostentation il refusa tous les honneurs, n’acceptant la première place que quand elle comportait quelque péril ou nécessitait quelque sacrifice. En 1877 on lui avait offert le poste de professeur de poésie à l’université d’Oxford, en remplacement de Matthew Arnold. Il refusa parce qu’il ne se sentait pas l’homme qui convenait pour une telle place, et aussi parce qu’à ses yeux rien n’était plus vain qu’un professeur de poésie. Quand en 1892 mourut Tennyson le poète-lauréat, Gladstone, alors premier ministre, fit pressentir Morris pour savoir s’il accepterait le poste devenu vacant au cas où on le lui offrirait. Comme en 1877 Morris refusa, disant qu’il ne se sentait pas les qualités nécessaires pour un tel emploi, les faveurs officielles lui semblant à la fois