Page:Vidalenc - William Morris.djvu/181

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lement à l’étranger. Comme les ateliers de Merton Abbey et l’imprimerie de Kelmscott ne faisaient pas de réclame, c’est dans le Royaume-Uni et dans les pays de langue anglaise qu’ils devaient trouver leurs premiers clients. En 1901 devait même se former Eastwood (dans l’État de New-York) un groupement d’artisans qui acceptaient le double programme artistique et socialiste de Morris, ils se proposaient d’entreprendre tous les travaux d’art concernant l’ameublement et de poursuivre la besogne d’éducation commencée par le maître. Les associés se proposaient en outre de former, partout où cela serait possible, d’autres groupements qui travailleraient dans le même sens. Le succès ne répondit pas à leur attente, ils se séparèrent au bout de quelques années sans avoir réussi à déterminer aux États-Unis un grand courant populaire en faveur des réformes sociales et de la beauté. En Europe il ne semble pas non plus que la tentative de Morris ait été rapidement connue et son exemple suivi, et cela s’explique aisément. Il n’est pas impossible que des artisans ou des artistes aient fait le voyage de Londres, au moment des expositions notamment, et étudié là quelques-unes des productions de la maison d’Oxford Street, mais ils durent être assez rares ; d’autre part Morris n’aimait pas à aller au-devant des clients, il exposait peu et n’envoya rien à Paris en 1867, 1878 et 1889 ; c’est seulement en 1900, après sa mort, que le public français put connaître directement sa tentative ; le pavillon britannique de la rue des Nations était en effet décoré avec les tapisseries de La Queste du Graal.