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Page:Vidalenc - William Morris.djvu/184

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échanges continuels d’objets usuels, comme par les observations des touristes et des artistes s’ébaucha chez nous la transformation du goût public. Derrière Morris s’était formée en Angleterre toute une génération d’admirables décorateurs et pour pouvoir lutter avec eux, nos artisans durent les suivre sur leur propre terrain, accepter parfois certaines de leurs idées. En révélant à ses contemporains l’importance et la noblesse des arts appliqués, Morris avait puissamment aidé à la formation de ces artisans qui, autant que les peintres, les sculpteurs et les architectes contribuèrent à la beauté de l’Exposition ; en enseignant à tous le respect de l’œuvre d’art il amena les décorateurs et les acheteurs à renoncer, du moins en partie, à l’imitation servile des styles du passé. Plus que tout autre, par sa parole et son exemple, il a contribué à faire naître par-dessus les frontières ce large courant de sympathie pour la beauté qui marque la fin du XIXe siècle, à créer cette atmosphère de compréhension bienveillante, dans laquelle artistes et artisans se sentent plus à l’aise, parce qu’ils se savent plus appréciés. Il a préparé le terrain, accoutumé les esprits, rendu possibles, ou tout au moins facilité, bien des tentatives originales, et c’est dans cette mesure que nous pouvons rattacher l’effort d’un Galle ou d’un Lalique à son oeuvre. Ils furent les artisans d’une commune tâche et si nous avons donné à Morris la place d’honneur, c’est qu’il est venu le premier, qu’il a su voir où il fallait aller alors que beaucoup hésitaient encore.

On n’a pas imité ses vitraux, ses tapisseries, ses papiers