Page:Vidalenc - William Morris.djvu/187

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peints et c’est tant mieux. Il avait trop de bon sens pour vouloir substituer des formules nouvelles aux formules anciennes et remplacer l’admiration de l’antique par la superstition des styles persan ou gothique. Avec Ruskin il aurait dit, : « Mes véritables disciples seront ceux qui se contenteront d’être eux-mêmes et de suivre les leçons de la nature » et il attachait plus de prix à l’esprit de son enseignement qu’à la lettre.

Mais nous n’avons garde de nous complaire dans un optimisme facile, Les limites de l’influence de Morris apparaissent très nettement, là même où on aurait pu s’attendre à la voir s’exercer davantage. En ce qui concerne la tapisserie par exemple, il semble que ce soit en vain qu’aient été œuvrées La Queste du Graal et L’Etoile de Bethléem. C’est une forme d’art qui n’a pu revivre en Angleterre, et sur le continent, les ouvriers les plus réputés comme ceux des Gobelins semblent avoir perdu de vue le sens des nécessités techniques des tapisseries et de leur utilisation décorative. De là tant de cartons, bien intentionnés sans doute, mais qui ne servent qu’à montrer l’habileté technique de nos tapissiers et la richesse de nos gammes de laines ; de là l’hésitation à faire appel à des artistes dont le talent s’affirme pourtant essentiellement décoratif comme Maurice Denis ou Henri Martin.

Les mêmes réserves pourraient être faites en ce qui concerne le vitrail. Nous rendons hommage aux délicates productions de Powell and sons de Londres, et de Gruber de Nancy, nous connaissons les cartons de M. Denis, mais il faut admettre que bien souvent le