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Samothrace, les fresques de Botticelli comme l’Olympia de Manet. Et ils y ajoutent encore : ils savent apprécier la beauté qu’il peut y avoir dans une tapisserie des Flandres, un vieux bahut sculpté, un vitrail du moyen âge, un meuble de Boulle, de Majorelle ou de Dufrêne, un vase de Gallé, un bijou de Lalique, une ferronnerie de Robert, et même une maison moderne de Plumet, un pont de fer ou une bâtisse en ciment armé. Si on leur demande d’établir une hiérarchie, de reconnaître une dignité plus grande à certaines formes d’art, ils se récuseront pour se contenter d’admirer.

Art social ne veut pas dire vulgarité, ni contrefaçon. Il ne s’agit pas de décorer le logis d’un ouvrier comme le palais d’un prince ou l’hôtel d’un financier, ni de reproduire à bon marché, avec des matériaux de qualité inférieure et un souci moindre de perfection, ce qu’admirent les classes cultivées, ni de réaliser en zinc pour le peuple le sujet de pendule exécuté en bronze pour la bourgeoisie.

Cette idée d’un art populaire souleva à son apparition des polémiques passionnées. On vit, ou feignit de voir, des prétentions inacceptables chez ses défenseurs, et leurs adversaires n’eurent pas de mal à démontrer l’absurdité de certaines exagérations qui n’avaient peut-être jamais été formulées. Les partisans d’un art populaire ne veulent rien détruire, ils n’entendent pas contester l’admiration dont jouissent, à juste titre, les chefs d’œuvre du passé, mais ils pensent qu’à une société nouvelle peuvent et doivent correspondre des formes