Page:Vidalenc - William Morris.djvu/195

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« l’art pour le peuple à défaut de l’art par le peuple ». D’autres critiques comme Roger Marx, comme M. G. Mourey, M. L. Rosenthal insistèrent dans leurs écrits sur la nécessité pour l’artiste de vivre de la vie de son temps, de partager les préoccupations, de se mêler aux grandes luttes des hommes, non qu’on lui demande de gaspiller son temps et ses forces dans les vaines agitations de la politique, mais parce que l’art ne peut tenir lieu de tout et que s’il ne repose pas sur une observation directe de la vie il ne peut être que convention et formules. Aux disciplines, un peu étroites parfois, de l’enseignement officiel si lent à se transformer, ils substituèrent cette école de la rue que souhaitait Carrière, c’est-à-dire les leçons de la vie données un peu partout à qui sait les comprendre, celles que donnent les ouvriers et les paysans au travail, les foules qui se ruent le dimanche vers les banlieues, les lentes théories des femmes vers les églises, les grandes manifestations populaires, l’humble vie quotidienne au foyer. De son côté M. Lucien Magne a rappelé dans ses cours au Conservatoire des Arts et Métiers, qu’un enseignement abstrait de l’art décoratif n’était pas suffisant, il a montré toute l’importance et toute la noblesse des connaissances techniques et du travail manuel.

De telles entreprises ne sauraient donner de résultats généraux immédiats, il faudra attendre bien des années avant de pouvoir constater pratiquement les progrès accomplis, mais cependant on ne peut nier la transformation qui s’effectue lentement dans l’esprit du public.