Page:Vidalenc - William Morris.djvu/200

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l’admirable Lalique. Nous savons combien cette liste est incomplète, il nous faudrait citer les noms de presque tous ceux qui, chaque année, exposent aux sections décoratives des salons, non pas parce que toutes leurs œuvres sont irréprochables, mais parce que l’ensemble donne une impression de recherche active, d’efforts originaux.

Ne nous hâtons pas trop cependant de chanter victoire ; il serait prématuré et dangereux de croire que la cause est définitivement jugée et que l’art industriel a désormais acquis droit de cité à côté du grand art. Il s’en faut de beaucoup ; il y a encore des préjugés tenaces à détruire, des résistances que l’on croyait disparues à combattre, des équivoques à dissiper surtout et nous penserions que notre travail n’a pas été tout à fait vain si nous réussissions à en dissiper quelques-unes. Continuellement des incidents, des polémiques montrent que les partisans exclusifs du grand art n’ont pas désarmé et que l’éternel malentendu entre l’art et l’industrie, entre les artisans et les artistes subsiste. Reconnaissons d’ailleurs, avec regret mais sans amertume, que d’aucuns semblent même s’efforcer de l’entretenir ; l’école des Beaux-Arts continue à donner un enseignement qui délibérément veut ignorer la vie contemporaine et certains fanatiques du grand art, semblables à l’autruche qui se cache la tête pour ne point voir le danger qui la menace, nient avec assurance l’existence des arts décoratifs et du problème de l’art social.

Plus grave encore que cette hostilité persistante du monde officiel, un autre danger menace d’entraver chez