Page:Vidalenc - William Morris.djvu/23

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de considération, Morris bouscula les conventions et les préjugés qui rétrécissent l’esprit et aveulissent la volonté ; en art, en religion, en politique il voulut se conduire seul, chercher lui-même sa voie. Ce ne fut pas un réfractaire, un révolté sans cesse en lutte contre la société et les lois, un adversaire de toute discipline, mais simplement un indépendant qui ne rejetait rien, mais aussi n’acceptait rien de parti pris, un esprit curieux ouvert à toutes les manifestations de la vie contemporaine et qui sut voir tout ce qu’il y avait parfois d’artificiel et d’insuffisant dans l’enseignement des écoles et des livres.

Son père était agent de change, associé de la grande maison Sanderson, et son métier lui avait procuré une très large aisance. Aussi Morris ne connut-il jamais personnellement les difficultés matérielles de l’existence, l’âpre lutte pour la vie dont quelques-uns sortent vainqueurs, mûris, trempés par le combat, mais où beaucoup succombent lamentablement ; il ne connut pas les débuts pénibles, l’angoisse du pain quotidien à gagner, la hantise de la misère, et il savait apprécier cet avantage. Quand en 1871 il s’apercevra que la fortune paternelle dont il avait usé sans ménagement était fortement compromise, nous trouverons sous sa plume cet aveu significatif : « Je travaille en ce moment à une chose ou à une autre, mais surtout au travail de la maison (l’atelier de décoration qu’il avait ouvert en 1861). Je voudrais que cette affaire fût vraiment un succès et cela ne peut être que si j’y travaille moi-même. Je dois dire, bien que je ne me considère pas comme avide d’argent, qu’un échec sur ce